Friday, 26 June 2015

Navajo



N’oubliez pas le general store d’Onyx, on y achète le meilleur jerky des USA, nous a écrit Grégoire. Et puis nous avons traversé l’époustouflant territoire des Navajos: prairies de bisons, falaises vermillon, Colorado River et Navajo Bridge.En écoutant Radmilla Cody et l’enfant qui parlent au début de la chanson, nous avons cru entendre des compatriotes des vallées retirées de Suisse Allemande. Est-ce le maillon manquant des récentes recherches qui ont trouvé une lointaine parenté, inexpliquée, entre l’ADN Navajo et celui des populations européennes? Pour nous, a dit Sam Begay, hataali ou praticien homme médecin Navajo, le Dineh, le peuple, les Navajos, le commencement n’existe pas. Nous avons toujours été là.Si cette analogie génétique devait s’avérer être le fruit du hasard, il n’en est rien de l’usage de la langue Navajo par les services secrets américains après la cuisante attaque de Pearl Harbor. Les japonais ont été complètement bernés. Peut-être que notre conseiller fédéral Didier Burkhalter pourrait proposer à Angela Merkel et à François Hollande de se téléphoner dorénavant en suisse allemand, pour que la NSA cesse de les écouter.En 1864, la cavalerie de l’Union a forcé les Navajos a quitter leur territoire ancestral, principalement situé en Arizona, pour les interner près de quatre ans dans des camps installés au Nouveau Mexique, à quelque cinq cents kilomètres. Il recouvrèrent ensuite une partie de leurs terres, mais en passant du statut d’internés en camp à celui de peuple mis en réserve. A l’instar des autres tribus indiennes, les Navajos ont du apprendre à vivre sous le joug des blancs. De ceux qui, aujourd’hui encore, apportent la démocratie par les armes, quand ils ne se targuent pas d’être au sommet d’une chimérique pyramide ethnique de l’humanité.Ce n’est pas un détail de l’histoire. Il reste aujourd’hui 310 réserves aux Etats-Unis et 550 tribus reconnues. S’ajoutent celles du Canada et des autres amériques. Il est aujourd’hui convenu d’admettre que le principe des réserves doit être drastiquement corrigé, pour mettre fin aux effets pervers qu’il engendre sur des communautés malades de sur-protectionnisme et bafouées dans leurs droits par les exploitants des richesses des sous-sols de leurs territoires.Heureusement pour les Navajos, ils forment une tribu qui semble avoir plutôt bien su faire valoir ses droits. Ils jouissent aujourd’hui de la réserve la plus étendue des Etats-Unis (60’000 km2), qui leur rapporte actuellement 50 millions de dollars par an pour l’exploitation des gisements de gaz, de pétrole et de divers minerais ainsi que pour celle de leurs forêts. Mais les Navajos n’ont pas terminé le combat et les 554 millions de dollars versés en 2014 par le gouvernement fédéral pour mettre fin au litige cinquantenaire relatif à l’exploitation de leurs ressources n’est pas encore la reconnaissance par l’Etat américain du génocide dont ils ont été les victimes.Pour les touristes insouciants que nous sommes, nous garderons égoïstement en mémoire les prairies de bisons, les forêts mélangées illuminées en bordure par les troncs blancs des bouleaux, les falaises vermillon sculptées par le vent, la verte rivière du Colorado charriant toute l’histoire des Navajos et de leur terre ainsi que l’imposant Navajo Bridge enjambant le Colorado, à la fois signe du passage incontournable entre le passé et le futur et instrument de communication nécessaire des Navajos.Sam Begay a encore dit des Dineh: “Lorsqu’ils regardent la terre, ils savent que nous sommes là, fragiles comme un morceau de terre.”.RT, à suivre…Bibliographie: Association Navajo France, Navajo Long Walk de Nancy M. Armstrong et Wikipedia.

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