Tuesday, 21 July 2015
Jackpot au Colorado
Au pays de la prohibition, il y a des états qui autorisent la culture, la vente et la consommation du pot (cannabis, marijuana), bien sûr régulées; alors que d’autres les poursuivent comme des actes criminels. Dans les états permissifs, des communes s’y sont opposées, comme Colorado Springs, et leurs habitants en vivent ou s’approvisionnent dans les villages voisins. Les retombées fiscales sont telles qu’on se demandent si elles vont infléchir les réactionnaires. Mais on continue de ne pas pouvoir sortir une bouteille de vin du supermarché sans la cacher dans un sachet. Tout ne fout pas le camp…Pour Barbara Brohl, directrice de l’administration fiscale du Colorado, le mandat de l’électeur consiste à réglementer le pot comme l’alcool, en particulier d’éviter qu’il ne tombe entre les mains des enfants, des criminels et des autres états. Après une année d’abolition de la prohibition, les retombées fiscales se montent à quelque 60 millions de dollars pour le premier état abolitionniste des Etats Unis. La criminalité et les accidents de la route ont chuté selon le FBI de 10%. “Autre bénéfice économique: l’emploi. Plus de 15 000 personnes travaillent dans les serres et les magasins, selon les chiffres officiels. A quoi s’ajoutent les emplois induits. Le Colorado connait un boom dans la profession d’électricien (les plantes requièrent des éclairages tropicaux). Contrairement aux prédictions catastrophistes, le tourisme a augmenté… Un point noir: les “comestibles”. Les autorités ont été prises de court par l’engouement pour ces cookies, brownies, bonbons et boissons aux dosages de cannabis mal compris par les consommateurs. Plusieurs incidents – et l’arrivée d’enfants aux urgences après avoir ingéré des friandises à la marijuana – ont obligé l’Etat à durcir la réglementation sur l’étiquetage et les dosages.” (Le Monde, 19.12.14). Mais les résultats sont généralement considérés comme positifs.“Moins de crime, plus de tourisme, de nouveaux emplois et… trop d’argent. L’Etat du Colorado fait aujourd’hui face à un cas sans précédent: les taxes sur la vente de marijuana rapportent tellement d’argent qu’il pourrait se voir obliger de reverser une partie de cette somme aux habitants… La Constitution du Colorado établit un montant maximal d’impôts qui peut être perçu…, au-delà, selon une loi de 1992, l’Etat se voit dans l’obligation de reverser équitablement le surplus entre chaque contribuable. Or le Colorado est victime de son propre succès, taxer le commerce de marijuana à 30% a littéralement fait exploser son plafond. En d’autres termes, les citoyens pourraient tous se voir reverser 7,63 dollars (6,67 euros), représentant leur part des 30 millions de trop-perçu.” (Libération, 2.2.15). Il faut en parler au conseiller d’Etat en charge des finances du canton de Neuchâtel, d’où je viens…“Il n’y a pas si longtemps, il était encore interdit d’acheter de l’alcool le dimanche à Denver… La ville abrite désormais une soixantaine de points de vente de cannabis. Entre des boutiques Prada et Gucci, chacun peut s’acheter son joint pour un peu plus de 14 dollars… Le must, c’est le Killer Queen, un vin infusé au cannabis au moyen d’un gaz injecté dans le verre à une température de -12 degrés… Le Colorado a été le premier à faire le grand bond, suivi récemment de l’Alaska, de l’Oregon et de la capitale, Washington. L’Arizona, la Californie, le Maine, le Massachusetts et le Nevada devraient voter sur la question en 2016… Seul Etat à avoir légalisé la consommation et la vente de cannabis, le Colorado cause des soucis aux Etats voisins. Des hangars de production sont destinés entièrement à l’exportation de marijuana dans d’autres états du pays où le stupéfiant n’est pas légal. Le Nebraska et l’Oklahoma ont mené d’ailleurs l’affaire devant la Cour suprême, estimant qu’ils subissent les retombées négatives du phénomène… La légalisation n’a pas éliminé le marché noir, qui représente encore 40% du total. Il est toujours meilleur marché d’acheter de la marijuana au noir, car elle n’est pas grevée de 27% d’impôts. L’autre problème de l’économie du cannabis procède du financement. Comme l’Etat fédéral n’autorise pas la vente du produit, les banques demeurent très réticentes à entrer dans ce marché. Directrice de la société Mindful, dont les affaires sont juteuses, Meg Sanders l’avoue: elle paie les salaires, les factures d’électricité et l’équipement avec de l’argent liquide. Un facteur, craint-on, qui pourrait favoriser la corruption.” (Le Temps, 28.2.15) et l’économie informelle (échappant notamment au fisc).Les malades (médicalement, économiquement et socialement) d’avoir consommé exagérément alcool, cigarettes ou pot, mais aussi d’avoir abusé des forums internet, des jeux d’argent, de la “malbouffe”, du sexe ou encore de la vitesse, tous sont victimes à un titre ou à un autre; mais aucun ne justifie à mes yeux la prohibition; même ceux qui me sont les plus chers.En revanche, ceux qui incitent les plus jeunes à tomber dans toutes ces addictions, souvent à l’insu de leurs victimes, en recourant à des procédés qui relèvent du viol des corps et des esprits. Eux seuls devraient être poursuivis et punis, avec la plus grande sévérité. Je n’oublierai jamais le jour où j’ai vu mon jeune fils, alors âgé d’à peine plus de douze ans, arriver à la maison avec des plants de cannabis qu’un “plus grand” lui avait proposé de cultiver dans sa chambre…RT, à suivre…
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